Après une nuit de bivouac particulièrement bruyante et pourtant dans un environnement exceptionnel, à 20 km de Tecate, nous passons la frontière vers les Etats-Unis assez rapidement malgré une longue file d’attente de travailleurs frontaliers. La remontée vers les zones côtières et sauvages de la Californie nous oblige de passer au milieu des routes, autoroutes à plusieurs étages, etc. La quiétude de la Basse Californie mexicaine est très vite oubliée. Il faut être en permanence sur le qui-vive au milieu de cette immense brouhaha pour ne pas se tromper de chemin.
En explorant la carte de la région nous découvrons avec surprise un lieu dénommé le sanctuaire du papillon monarque, à Pismo. Étonnés et intéressés nous visitons ce lieu situé dans une forêt d’eucalyptus. En cherchant bien, nous tombons sur des grappes de papillon monarque, venus en Californie pour passer la saison hivernale. Il s’avère que dans plusieurs sites de la Californie les papillons séjournent pendant la saison froide. Jusqu’à maintenant nous pensions que les monarques allaient tous au Mexique pendant les mois d’hiver. La population mondiale de cette espèce est actuellement en forte décroissance dû au changement climatique, aux pesticides et probablement aux feux des forêts californiens qui jalonnent leur route.
Un photographe animalier américain que nous avons côtoyé dans le sanctuaire des monarques nous a indiqués un site qui regroupe une quarantaine de loutres marine dans la baie de Morro, au sud de Monterrey. On a souvent côtoyé ces animaux un peu partout dans le monde et c’est ici que nous avons eu le plus de chance pour les observer de prêt avec leurs petits sur le ventre. Dans cette baie protégée de la houle pacifique elles trouvent nourriture et tranquillité.
Nous avons remarqué que notre véhicule fait sensation aux USA et au Canada. Les gens sont étonnés par la compacité du 4/4 tout confort inclus ! Deux sympathiques policiers curieux nous abordent, ils sont surpris de nous voir arriver de si loin. La conversation s’engage et nous leur expliquons que nous cherchons avant tout les sites de faune sauvage. ils nous parlent d’une colonie d’éléphants de mer, à San Simeon. Malgré une pluie battante nous restons sur le site où les mamans viennent juste de donner vie à des petits êtes tout noir, d’une trentaine de kilo. En un peu plus de 20 jours ils atteindront plus de cent kilos grâce au lait particulièrement riche de la maman. Les gros mâles, qui pèsent plusieurs tonnes, sont du genre lourdaud, qui pour s’accoupler aux femelles n’hésitent pas à passer sur le corps de tout le monde, dont des tout petits. Certains y laisseront leur vie.
En continuant la route 1, une des plus belles routes de Californie, les paysages insolites de l’océan Pacifique nous accompagnent dans la remontée vers l’Oregon. Dans notre route vers le nord nous abandonnons le projet de visiter le Séquoia national park, fermé pour cause de shutdown.
Nous quittons les bords de la route pacifique pour rejoindre un des plus vieux parc des Etats-Unis, le Yosemite. La route 140 qui nous amène au cœur de la vallée met en scène les immenses blocs de granite, les séquoias géants et les paysages grandioses de ce parc remarquable. La neige présente au bord des routes en augmente la beauté. Hélas notre visite n’a duré que 3 h pour cause de fermeture imminente du parc due à l’annonce d’une violente tempête venant de l’ouest. Nous repartons par la route 120. Elle permet de se rendre compte des dégâts occasionnés par le feu tout autour et dans le parc.
La route côtière 101 nous accueille avec un ciel gris souris et une pluie battante et incessante. Malgré cet inconvénient majeur nous sortons les appareils photos pour témoigner de la dimension impressionnante des séquoias dans le Redwoods National Park, à la limite de la frontière avec l’Oregon. Les boîtiers Fuji Film, GFX 50 S et XPro-2 nous permettent de fixer les torrents de pluie derrière lesquels on aperçoit à peine les arbres géants. Pour le reportage c’est raté mais quand même un grand merci à Fuji qui a bien prévu l’étanchéité des boitiers et des objectifs.
A une dizaine de kilomètres du village de Reedsport se trouve un site d’observation des wapitis, le long de la rivière Umpqua. Une cinquantaine d’animaux évoluent en toute liberté dans cette zone marécageuse pour y passer l’hiver.
A partir de la petite ville de Redmond nous rejoignons la route 26 en direction du mont Hood. C’est là que l’enfer commence. La conduite devient de plus en plus hasardeuse, les rafales de vent déporte notre « case roulante » à droite et à gauche de la route. Un gros camion, poussé par le vent, gît dans le fossé, les 4 fers en l’air, des buissons traversent la route… il devient quasiment impossible de conduire, aussi Jacques trouve un abri en mettant le véhicule face au vent à un embranchement relativement dégagé. Le site est entouré d’arbre qui freine l’action de la tempête. Une dizaine de minutes vient de s’écouler lorsqu’un claquement assourdissant se produit à quelques mètres du véhicule. Un séquoia d’une cinquantaine de mètres est sectionné à vingt mètres de hauteur par une rafale qui lui aura été fatale. Ce magnifique futur géant tombe à quelques mètres de notre véhicule. Devant la menace permanente nous décidons de reprendre la route pour trouver un abri plus serein. Après une dizaine de kilomètres de nouveau c’est la panique…. un arbre de dimension imposante tombe sur la route à quelques mètres devant nous. Nous sommes bloqués. Ensuite quelques voitures arrivent et un énorme 4/4 tire l’arbre sur le bas-côté à l’aide sangles et de cordages. Toutes les voitures reprennent la route et ce n’est qu’au pied d’une station de ski que nous pouvons enfin digéré cet épisode qui aurait pu nous occasionner de gros dégâts aussi bien pour le véhicule que pour nous-mêmes.
Le calme revenu nous nous dirigeons vers Portland pour une rencontre qui nous tient à cœur. Nous déjeunons avec Sheri Speed, une vétérinaire américaine qui consacre sa vie à la sauvegarde de chimpanzés dans un sanctuaire au Cameroun. Nous y avons passé plusieurs mois pendant trois ans, Christine pour s’occuper plus particulièrement des jeunes bébés et Jacques pour prendre des clichés. Les braconniers du Cameroun tuent les parents pour en faire de la viande de brousse et les petits sont vendus comme animaux de compagnie. Heureusement des organisations de défense animale réussissent à récupérer ces jeunes êtres innocents pour les confier dans différents sanctuaires. Le Centre de Sanaga-Yong préserve plus de 70 chimpanzés dans des vastes enclos qui malheureusement dès qu’ils s’échappent où qu’ils sont relâchés sont abattus par les braconniers.
De là nous nous dirigeons vers Seattle pour une autre rencontre avec Karen une amie de Sheri Speed et de nous-même qui participe depuis plusieurs années à la sauvegarde de la faune dans différents sanctuaires dans le monde.
Le passage de la frontière vers la Colombie Britannique, au Canada, se fait comme une lettre à la poste. En tout 4 mn chrono, c’est la plus rapide des frontières que nous avons passée dans le monde.
Toutes les photos sont prises avec les boitiers XT3, XPRO2, GFX50S équipés des optiques 100-400mm, 10-24mm et 250mm respectivement.
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