Au nord de Nazca, dans un désert aride, la ville de Paracas borde le Pacifique. La péninsule du même nom et les Islas Ballestas abritent une avifaune marine diversifiée. Les bateaux qui amènent aux îles Ballestas permettent d’approcher une densité incroyable d’oiseaux marins digne de celle qu’on rencontre début août sur les autoroutes du soleil en France, en version vacanciers. Les cormorans de Bougainville se comptent par milliers et sont les principaux « producteurs » de guano. Les fous variés et les pélicans thage participent également à cette « chierie « collective dont le résultat est l’or blanc ou caca d’oiseau, un excellent engrais naturel, qui de nos jours, est encore exploité. En ce début d’octobre, des lions de mer exhibent leurs derniers rejetons. Les manchots de Humboldt, espèce menacée, trônent au milieu des sternes incas et autres oiseaux marins dont la densité explique la richesse de ces îles péruviennes.
Dans la péninsule de Paracas il y a un petit port de pêche où sont déversées chaque jour une procession sans fin de grosses sardines. Ici les quelques pêcheurs et plusieurs centaines de cormorans vivent en toute intelligence. Les uns débarquent les poissons, les autres embarquent les restes. En bordure des plages sablonneuses on rencontre les flamants du Chili ainsi que de nombreux limicoles qui à cette époque n’ont pas encore entamés leur migration vers leur site de nidification. En bout de la péninsule on aperçoit un dessin de géant, le fameux géoglyphe du Candélabre qui fait partie des lignes de Nazca.
La route qui nous amène à Yurimaguas passe par Lima dont la traversée est un parcours du combattant. De là nous nous dirigeons vers l’est sur une route où les camions prolifèrent, ce qui rend la route dangereuse : dépassement intempestif dans les virages, occupation de la totalité de la route dans les épingles à cheveux etc… etc… Nous quittons cette route de tous les dangers pour une route toute aussi dangereuse en direction de Tingo Maria. Une halte de quelques jours nous permet de faire la connaissance d’un couple franco-péruvien qui nous ont fait dégusté leur bière artisanale, pleine de saveur. Un grand merci à Damien et Jessica de nous avoir fait partager, en toute amitié, ce nectar des dieux. A partir de Tingo Maria on commence à sentir l’ambiance amazonienne.
Malheureuse l’arrivée sur Tarapoto et la route de Yurimaguas est bordée par des milliers de palmiers à huile qui font disparaître la biodiversité. Nous avons eu l’impression que ces plantations sont en pleine expansion, ce qui sera dans le futur un lourd fardeau pour l’humanité. Les rues de la petite ville de Yurimaguas sont en perpétuelle activité, marchés, boutiques, manifestations, desservis par une horde de moto-taxis, l’équivalent du tuk-tuk asiatique. Yurimaguas, située au nord du Bassin Amazonien, est notre point de départ pour une rencontre exceptionnelle, en bordure de la Réserve Nationale Pacaya-Samiria.
C’est aussi le point où tout aurait pu basculer…..La veille de notre départ en bateau pour Lagunas, Jacques a fait un valdingue de toute beauté au bord de la piscine d’un hôtel de luxe où nous avions garé notre véhicule. Pour amortir la chute il a lancé violemment son bras comme le font les gens qui ont pratiqué les sports de combat. Bien mal lui en a pris, le geste accéléré lui a provoqué un traumatisme qui s’avèrera être une cassure du poignet. Malgré la douleur, Jacques n’a pas voulu renoncer au séjour dans un sanctuaire qui recueille principalement des singes laineux et des singes araignées.
Le but de notre voyage est d’aller à la rencontre des animaux mais également des gens qui participent à leur sauvegarde. Le site Media Luna, à Lagunas, créé par une française, est un modèle du genre. Tous ces petits singes vivent en quasi liberté dans un espace de forêt non clôturé. Hélène et Carlos, les responsables, ont prévu dans un avenir proche, la remise en liberté de tous les singes qui pourront être rendus à la vie sauvage. Nous souhaitons qu’il existera pour ce petit monde des couloirs biologiques qui leur permettront d’assurer la pérennité des espèces. Les photos prises au sanctuaire n’ont pas été de tout repos. Bien que le fuji XT2 équipé du 100/400 ne soit pas particulièrement lourd, il est difficile de réaliser des clichés d’une seule main. Le retour à Yurimaguas, après 7 heures de bateau rapide, nous permet d’imaginer l’isolement du sanctuaire.
Après quelques jours de repos dans l’hôtel de luxe nous rejoignons Moyobamba pour retrouver nos amis Patricia, José et leurs deux enfants qui sont en panne de leur véhicule, au bord d’une piste. Jacques prend enfin la décision de faire soigner son poignet et son bras douloureux : consultations, radios, aller et retour à Tarapoto, à deux heures de route, intervention, embrochage, qui a transformé Jacques en mécano-man. Et pour clore le tout nous avons été pris en otage dans la clinique où Jacques a été charcuté… la direction n’a pas voulu attendre le virement de notre assurance mais voulait être payée en espèces sonnantes et trébuchantes. Après une nuit forcée dans la clinique, Christine accompagnée d’une employée a fait le tour des distributeurs de la ville de Tarapoto pour réussir à atteindre le montant de l’intervention. Bref tout est bien qui finit bien mais nous sommes toujours coincés à Moyobamba en attendant les pièces venant de France pour la réparation du véhicule de nos amis. Pendant le temps de récupération de Jacques nous pratiquerons le silence radio ainsi que le silence photo….. et à bientôt, nous espérons.
Toutes les photos sont réalisées avec les boitiers Fujifilm XT2, équipé de l’objectif 100/400 mm ainsi que du Fujifilm GFX 50, équipé du 110 mm.