De Moyobamba au Pérou à Mindo en Equateur

 

 

Le 10 décembre, enfin nous quittons Moyobemba, un trou perdu au nord du Pérou, après un séjour sans fin de cinq semaines. Ce bivouac de longue durée était nécessaire, d’une part pour la consolidation du poignet de Jacques, torturé par un chirurgien de Tarapoto, dans une clinique douteuse péruvienne et d’autre part les pièces venant de France pour le camping-car de nos amis Patricia et josé. Notre arrivée sur Loja, en Equateur, permet à Jacques de se débarrasser de ses clous et de ses broches dans une clinique rutilante dirigée par un chirurgien compétent, ce qui nous change de la saleté péruvienne. Le traumatologue nous demande de contrôler son intervention dans quatre jours. Nous profitons de ce laps de temps pour nous rendre à Vilcabamba, ville réputée pour ses nombreux centenaires. Armés de leurs appareils photos, Christine et Jacques, se rendent à la messe matinale pour immortaliser ces ancêtres. Les allées et venues autour de la place principale et de l’église nous laissent perplexes. Pas un vieux à l’horizon, ni dans les rues, ni nulle part. Nous en déduisons qu’ils ont passé l’arme à gauche !!!!!

 

Vigogne sur les pentes du volcan Chimborazo

Après un contrôle positif à Loja, nous poursuivons la route en passant par Cuenca, puis le volcan Chimborozo pour arriver enfin à Puyo. Dans notre quête sur l’état de la conservation de la faune en Amérique du Sud, nous décidons de passer dix jours dans la fondation « el Paseo de los Monos » à Puyo. Le couple Yvan Bouvier et Lisette, déploie toute leur énergie pour sauvegarder un bon nombre d’animaux d’Amazonie et en particulier des singes laineux. Ces derniers vivent en semi- liberté dans des grands enclos où ils peuvent profiter d’espace et grimper aux arbres comme ils le feraient dans la forêt amazonienne. Le singe laineux, aujourd’hui, est menacé d’extinction. Il est chassé par les indiens par sa viande et son habitat disparaît à cause de la déforestation, (exploitation du bois ou recherche pétrolière). Mais malheureusement ce singe sympathique ne se reproduit quasiment pas en semi-liberté.

 

Port d’embarquement pour le Yasuni

Nous décidons de faire une incursion dans la foret amazonienne et plus particulièrement dans le parc du Yasuni pour vivre l’expérience d’une forêt primaire, encore préservée. Nous rejoignons notre lieu d’embarquement en pirogue après trois heures de route depuis Puyo. Notre guide, Delfin, et le piroguier Marcello assisté de Fabien, son beau-frère, embarquent tout le nécessaire pour une expédition de six jours. Nos appareils photos sont stockés dans une poche étanche pour les protéger de la pluie et surtout de l’équilibre plus qu’ incertain de la pirogue.

 

Les indiens du rio Villano

En évitant rochers, troncs, branches, bancs de sable etc, nous faisons un premier stop dans la communauté de Marcello. Et là surprise, hormis des guenilles et des caquelons, ils vivent comme il y a cinq cent ans. Marcello en profite pour préparer ses flèches de sarbacane au curare qui lui serviront à chasser pour nourrir sa famille nombreuse. Malgré le dénuement, sa femme et ses cinq filles semblent très heureuses, pas de télé, pas de smartphone, on communique normalement autour du feu, sans passer par le wifi !!!! La toilette se fait directement dans le rio.

 

Petites indiennes du rio Villano

 

Une famille indienne

Le lendemain matin, une pluie torrentielle, nous bloque quelques heures avant de reprendre la route sur le rio vers le premier bivouac sauvage. Après quelques heures de navigation nous faisons un stop dans la communauté des parents de Marcello pour réaliser un échange de moteur, le nôtre pris de toussotements ne présageait rien de bon pour l’avenir du périple. Notre arrivée est saluée par l’éternelle « chicha », une boisson fermentée à base de yucca (manioc). La maman de Marcello, enguenillée, après s’être copieusement grattée les différentes parties de son anatomie, malaxe la chicha pour en retirer la pulpe et présente un bol à Jacques en guise de bienvenue. Beurk !!! mais par politesse, il faut bien la boire….. Les autres femmes de la communauté sont admiratives devant la chevelure blanche de Christine. Elles souhaitent la décorer en badigeonnant son visage à l’aide d’un produit de la forêt. Toutes contentes de leur réalisation elles rigolent de bon cœur. Christine avait compris que le maquillage durerait trois jours, en fait elle l’a gardé dix jours.

Christine se fait décorer dans la jungle

 

 

Campement le long du rio

 

Le bivouac au bord du rio est l’occasion de déguster du poisson chat fumé. La nuit est agrémentée par le doux chant des moustiques qui tournent autour de la chair fraîche des aventuriers blancs… Les grenouilles et les crapauds se joignent aux différents insectes pour former un orchestre symphonique qui bercera notre nuit réparatrice. Le lendemain matin embarquement aux premières lueurs du jour pour notre prochaine destination. Les roulements et soubresauts de notre pirogue commencent à indisposer notre partie charnue. Cela se fait sentir d’autant plus que nous sommes obligés de bouger en permanence, ce qui provoque des mouvements intempestifs de notre embarcation, elle ne demande qu’à se renverser.

 

Perroquets verts de l’Amazonie

Trois heures du matin : branle-bas de combat. Nous devons rejoindre un des hauts lieux de notre voyage la falaise aux perroquets verts. La navigation nocturne dans la brume nous conduit au pied d’un sentier. Après une heure de marche dans une forêt primaire, ponctuée de pièges glissants et de troncs à enjamber au-dessus d’une rivière, nous arrivons enfin….. dans un bourbier infâme où la falaise a disparu sous la végétation luxuriante. Ici même les pécaris et tapirs ne s’y risquent pas sous peine d’enlisement. Penauds, nous retournons auprès de notre embarcation après que Fabien nous ait déclaré qu’il n’était plus revenu en ce lieu depuis cinq ans. Après moult recherches dans les communautés avoisinantes, imbibées de chicha, nous parcourons le rio Curaray pour enfin apercevoir une petite colonie de perroquets verts qui se détachent avec difficulté de la végétation environnante.

 

Trois nains dans les racines d’un ceibo

 

Nous reprenons la pirogue pour aller à la rencontre d’un géant, l’arbre ceibo, un des plus grands d’Amazonie et certainement le plus vieux du parc Yasuni. A côté de ses racines tabulaires impressionnantes, nous humains, paraissons comme de gentils petits nains. La forêt aux alentours témoigne de la présence de nombreux animaux qui ont laissé des empreintes un peu partout. Il est temps de prendre le chemin du retour pour arriver à temps au refuge del Paseo de los Monos. Yvan nous a promis un plat de champignons de la forêt équatorienne. A quelques encablures de notre port d’embarquement nous avons attendu plusieurs heures que le rio cesse de déverser des troncs et des arbres entiers afin de nous laisser le passage.

 

Des arbres nous bouchent la remontée du rio

 

Ce périple aventureux est un des moments fort de notre voyage et c’est avec regret que nous quittons l’Amazonie pour aller rejoindre la forêt de nuages et le paradis des colibris à Mindo.

Colibri

 

Nous sommes restés seulement deux nuits à Mindo en raison des trombes d’eau qui se déversaient sur nous dès que l’on mettait un pied dehors. Heureusement une brève éclaircie matinale nous a permis de réaliser quelques clichés de colibris. Nous avons pris la fuite vers la ville d’Otavalo, mais ceci est une autre histoire.

 

Toutes les photos sont prises avec les boitiers et objectifs Fujifilm : Xpro2 10-24mm, XT2 100-400mm, GFX50S 23mm