Après les chaleurs étouffantes des journées et le froid glacial des nuits à Etosha, nous apprécions des jours un peu moins chauds, des nuits un peu moins froides. On est dans la Bande de Caprivi. Après plusieurs centaines de kilomètres non stop nous nous retrouvons au bord du fleuve Zambèze, dans le Zambezi Mubala Camp, à environ 35 km de Katima Mulilo, avec une vue imprenable sur le fleuve qui fait frontière avec la Zambie.
Ce site est fréquenté chaque année par des milliers de guêpiers carmin qui viennent y nicher. Contrairement à ce que nous avons vu habituellement, ces volatiles colorés font leur nid en creusant à même le sol. L’endroit est particulièrement surveillé et une autorisation d’accès est nécessaire pour s’y rendre uniquement en présence d’un guide.
Quel spectacle ! Leur couleur carmin recouvre les arbres et bosquets environnants ainsi que le sol particulièrement sec à cette époque. Des milans mal intentionnés visitent régulièrement la colonie. Ils créent une panique générale où les guêpiers fuient dans tous les sens et se retrouvent par milliers dans un des rares arbres avoisinant. Pendant le mois d’octobre c’est un rendez-vous incontournable pour les amoureux des oiseaux.
En cette saison sèche les bords de rivières sont les plus intéressants pour apercevoir la faune qui est un peu partout en grande souffrance en Namibie.
Un fermier nous a confirmés que la sécheresse de l’année écoulée est la plus importante depuis cent ans et de plus la pluie s’est faite rare au cours des sept dernières années. Nous établissons notre camp le long de la rivière Kwando chez un français, Luc, qui a créé ce site dénommé Maylo Wilderness bush camp. La rivière est au plus bas, cela ne nous empêche pas d’aller avec Luc y faire un tour en soirée. Cette balade tranquille pendant les eaux hautes est à cette époque un parcours du combattant : de nombreux bancs de sable nous obligent à avancer à petits pas, des troncs submergés nous imposent la prudence. Quand certaines parties sont plus profondes il faut passer au milieu des hippos et ce n’est pas une petite aventure. A certains moments Luc a dû se mettre à l’eau pour dégager le bateau coincé sur les hauts-fonds. Cette rivière sépare la Namibie du Botswana et la faune aux alentours y est abondante. Nous avons eu la chance d’y apercevoir un couple de grues caronculée. Ces oiseaux sont aujourd’hui menacés.
Les rives botswanaises nous permettent d’apercevoir de nombreux groupes de cobes de lechwe rouge ainsi que quelques cobes à croissant. De retour au camp Luc nous fait partager un ragoût de poulet du bush qu’il a cuisiné de main de maître. Quelques bières pour arroser le tout et au dodo.
Le lendemain matin aux aurores nous partons pour la réserve de Mudumu. Un premier aller-retour sur la route principale nous permet d’apercevoir de nombreux groupes d’éléphants qui cherchent à tout prix à se nourrir malgré la sécheresse. On constate que certains groupes sont très nerveux ce qui nous fait penser qu’il y a pas mal de braconnage dans la région. Cela nous a été confirmé plus tard. Les Rangers sont à court d’essence et ne peuvent même pas faire le tour pour surveiller les braconniers ! Pour parcourir les pistes de la réserve nous nous acquittons du droit d’entrée à la porte nord. La ranger de l’accueil nous donne un plan et nous explique que de nombreuses portions sont couvertes de sable profond. Et c’est pas peu dire, nous en avons fait l’expérience avec notre toyota de location, dernière formule, toute automatique, anti glissement, anti tout.. qui s’est avérée couiner lamentablement dans les zones sableuses et menaçant à tout moment de nous y laisser pour compte… Heureusement, Jacques en forçant l’automatique, a pu s’en tirer à bon compte. Malgré ces parcours hasardeux nous avons eu la chance d’apercevoir un groupe d’une douzaine de lycaons dont six jeunes. Ils avaient tous le ventre bien rebondi.
Dans ce petit parc et en général dans la Bande de Caprivi il est relativement aisé d’apercevoir l’antilope roanne, ce qui est plutôt rare dans les autres parcs africains.
Dans la partie ouest de la Bande de Caprivi nous faisons étape sur le bord de l’Okavango dans le Shametu River Lodge. Ce Lodge propose des campings avec salle de bain et cuisine privatives, un must ! Le parc national Bwabwata s’étend d’un côté et de l’autre du fleuve dans sa partie namibienne.
Malheureusement dans la partie Mahango Core le principal trou d’eau est à sec ce qui n’empêche pas de côtoyer de nombreux animaux. Pour rejoindre le bord de l’Okavango nous avons choisi une piste au plus court ! Plus de dix kilomètres de sable profond, pas large et chaotique. Là encore le Toyota hilux tout automatique et tout neuf criait de désespoir.. C’est en rejoignant la piste principale que nous avons un panneau signifiant que la piste n’était que pour 4/4 et dans un très mauvais état. En suivant la piste de retour le long de l’Okavango nous avons pu côtoyer un baobab gigantesque ! De l’autre côté de l’Okavango, dans la partie Bwabwata Buffalo core, la piste longe un ancien camp militaire ainsi qu’un cimetière pour arriver au bord du fleuve. Il est facile d’apercevoir des buffles ainsi que d’autres antilopes. La sécheresse a transformé la boue en piège insurmontable ou malheureusement quelques buffles y ont laissé la vie.
Le lendemain nous nous dirigeons vers Walvis Bay car notre « casa rodante » ne va pas tarder à arriver. Ouf !! Nous avons rencontré la pluie dans la Bande de Caprivi. Plier et déplier la tente mouillée n’est pas une sinécure. Pour couper la route nous faisons un stop dans une réserve privée de 5000 hectares où le propriétaire, après négociation, nous permet de rester la nuit dans une tente montée et isolée de la pluie. Nous nous retrouvons tout seuls parmi la faune sauvage hormis quelques braconniers qui fréquentent le site. La nuit a été orageuse avec des raffales de vent et des trombes d’eau qui se sont déversées jusqu’au petit jour. Nous l’avons échappé belle !! La tente sur le toit n’aurait pas résisté au déchaînement des éléments.
Toutes les photos sont prises avec les boitiers Fujifilm: Xpro2, XT3 et GFX100