Nous quittons la plage de Matane, en Gaspésie, envahie par les capelans qui viennent s’y reproduire. Il y en a partout. Un pêcheur patenté les ramasse à la pelle et nous propose quelques spécimens pour notre petit-déjeuner au bord de l’eau ! Les oiseaux marins se gavent de ces petits poissons tous occupés à leur tâche de copulation…
La prochaine destination est l’île d’Anticosti, au Québec. Pour atteindre ce paradis isolé nous prenons le traversier à Rimouski. Il nous faut 24 h de navigation après un stop aux Sept-Îles pour accoster à Port-Menier, capitale d’Anticosti. La population de l’île est de 150 habitants en moyenne. Ici tout le monde se connaît, on ne ferme pas sa porte à clé et on ne ne voit pas le bout d’un képi. C’est un village sans stress avec des habitants chaleureux comme savent l’être les québécois.
Port-Menier, internationalement connue pour sa chasse au chevreuil, ne possède qu’un seul épicier, une seule station d’essence et un magasin de fournitures générales. Pas question d’être malade, les secours se font en avion quand il n’est pas en urgence ailleurs. Nous avons fait des infidélités à notre monture triplex, 5 pièces, pour louer un char que nous allons chauffer sur les pistes de l’île (on s’est mis à la langue québécoise, ici il faut comprendre une voiture louée que nous allons conduire…).
L’hiver la petite bourgade de Port-Menier est isolée du continent pendant deux mois, le bateau cesse ses traversées. Nous sommes ici pour la découverte des renards croisés roux et argentés. La recherche de ces animaux mythiques nous occupe pendant la majeur partie des six jours de notre présence.
Le reste sera rencontres avec les paysages, les homards et les cerfs de Virginie. Il y a 150000 chevreuils, autre nom donné par les habitants pour les cerfs de Virginie. Ils sont partout, dans le village et les forêts. Ici l’activité principale sera la chasse pendant les quatre derniers mois de l’année. Monsieur le chocolat Henri Menier a acheté l’île en 1895 et a importé à Anticosti 220 cervidés ainsi que d’autres espèces. C’est le chevreuil qui s’est le mieux adapté à cette vie rustique où les températures de l’hiver sont de moins 25º en moyenne. Dans le village ils côtoient les habitants qui les nourrissent. Pour les chevreuils, résidents du village et des environs, c’est un havre de paix car ils ne seront jamais chassés.
Notre quête du renard nous oblige à un lever matinal à 4h30 du matin. A cette saison ils sont farouches et très occupés pour nourrir les jeunes quand ils en ont. Nous avons pu en apercevoir dix et réaliser quelques clichés. À notre grand désarroi ils sont également « trappés » pendant l’hiver. Le mélange de renard roux et de renard argenté donne des robes de toute beauté.
Dans cette recherche matinale nous avons eu la chance d’assister à la naissance de deux bébés cerfs de Virginie. Après un nettoyage approprié les deux faons se sont levés au bout d’une demi-heure environ. Dés l’équilibre assuré la maman les a emmenés se cacher dans le couvert forestier. Cette rencontre inattendue nous laisse un souvenir ému. Pendant la période estivale l’île se remplie de touristes qui profiteront des paysages sauvages et des randonnées pour découvrir des sites telle la chute Vaureal qui vaut le détour.
En ce qui nous concerne, excepté deux cyclistes québécois, nous étions les seuls touristes de l’île. C’est en parcourant quelques chemins du bout du monde que nous avons compris le danger de l’isolement. N’ayant prévenu personne, en cas d’accident nous aurions pu sécher sur place…….Il est conseillé aux touristes de signaler leurs parcours. Une dernière soirée chez notre hôte Tessa, avec Carl et Éric, les cyclistes québécois, nous permet de passer un moment sympathique en dégustant les fameux homards d’Anticosti. Avec le réchauffement climatique ces crustacés quittent les côtes américaines pour envahir les côtes canadiennes au grand bonheur de leurs habitants. Nous laissons cette île attachante avec un dernier regard sur une barge croulant sous le poids des rondins de bois.
Notre retour à Rimouski est l’occasion de passer une joyeuse soirée avec nos amis français Patricia, José et leurs deux enfants que nous avons rencontrés il y a plus de deux ans à Ushuaia. Nous « jasons » beaucoup et « sommes rentrés en boisson » avec un réveil «plutôt casqué » !
Sur la route de l’ile du Prince-Edouard, se trouve le parc national de Kouchibouguac reconnu pour ses colonies de sternes et de pluviers siffleurs. Nous projetons de nous y arrêter deux nuits. Une nuit suffira, en guise de colonies d’oiseaux marins il n’y a que des colonies de moustiques qui s’insinuent partout et piquent à tour de bras. Notre fuite immédiate nous amène dare-dare sur l’île du Prince-Edouard.
Relié par le pont de la Confédération au continent l’île n’a rien de sauvage contrairement à celle d’Anticosti. La nature très verdoyante est peuplée de maisons, de champs et de petits villages. Tout est propre, net et le gazon parfaitement tondu.
Le but de notre visite est surtout motivée par une population de renards qui fréquentent les bords de village. Nous en avons rencontré 9 en 5 jours avec une belle opportunité de photos pour un jeune renard peu farouche mais méfiant.
Le petit parc national de l’île du Prince-Edouard situé au nord protège les hirondelles de rivages qui ont élu domicile sur les falaises du bord de mer. 80% de la population a aujourd’hui disparue. Une autre rencontre intéressante à cette saison est le groupe d’une vingtaine de pygargues à tête blanche. Ils viennent pêcher avec leurs rejetons dans les petits cours d’eau qui relient les lagunes à la mer. Les bancs de poissons nagent dans quelques centimètres d’eau pour rejoindre le Saint-Laurent. C’est une opportunité pour les pygargues.
De retour à Halifax, après près d’un an de voyage en Amérique du Nord, nous sommes prêts pour revenir au pays dans le ventre d’un cargo de Grimaldi. Bye Bye Canada, USA et Mexique et vive notre home où nous allons préparer notre prochain périple. Oui il y aura bien une suite avec d’autres aventures……
Toutes les photos sont prises avec les boitiers XT3, XPRO2, GFX50S de Fujifilm, équipés des optiques 100-400mm, 10-24mm et 250mm respectivement.
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