Nous quittons Upington par la nationale 14 pour passer une nuit au camping dans le Red Sand Country Lodge juste avant la cité de Kuruman. Il est à noter que les voyageurs qui doivent passer par cette ville doivent prendre les précautions nécessaires pour ne pas être victimes d’un car-jacking : circuler avec les fenêtres fermées et toutes les portes bloquées. C’est une ville où les coups de pistolet sont monnaie courante, des panneaux dans la ville signalent les zones criminogènes.
Le lendemain, à environ 200 kilomètres, à l’est de Kuruman, un homme tente d’ouvrir la portière de Christine. Heureusement nous avons l’habitude de traverser les villes et les villages avec les portières barricadées. Nous quittons la R14 pour suivre la R52 jusqu’à Lichtenburg. N’ayant pas trouvé de camping sécuritaire nous choisissons de faire un stop dans cette petite ville où une chambre d’hôtes 5 étoiles nous accueille pour quelques dizaines d’euros. Ce « bed and breakfast « est un véritable bijou tant au niveau de l’accueil qu’au niveau de l’hébergement. Heureusement car tout autour c’est plutôt un « no man’s land ».
Ensuite nous prenons la route qui nous amène vers la nationale 4 qui passe au nord de Pretoria. En suivant la nationale 1 nous faisons un stop à Sandela Nature Reserve qui s’avère être un caravan park à la mode sud africaine : beaucoup de monde, de grands espaces où le soir le « braai « (équivalent de notre barbecue), fait fureur.
Et enfin la porte de Phalaborwa nous permet d’accéder au parc Kruger. Par mesure de précaution nous avons réservé un mois à l’avance nos hébergements pour plus de trois semaines dans le parc. Nous sommes arrivés cinq jours plus tôt que prévu pensant trouver de la place pour les jours non réservés. Et là quelle surprise tous les camps du nord au sud étaient complets. Il est à noter que les sud africains, dès qu’ils le peuvent, passent leur week-end ou leurs vacances dans les parcs. Comme nous sommes en week-end pascal il est impossible de loger à l’intérieur. Par chance nous trouvons un camping à cent mètres de l’entrée ce qui nous permet d’aller dans le parc chaque matin et d’en ressortir le soir. Les précautions prises par le personnel du Kruger sont particulièrement sérieuses : questionnaire médical, prise de température, nettoyage des mains, port du masque etc…et ceci à chaque nouvelle entrée.
La période des pluies, qui correspond à l’été austral, remplit les plans d’eau et verdit le bush. Ce qui fait qu’à notre arrivée nous découvrons des herbes très hautes et une faune pas facile à voir et encore plus difficile à photographier. Mais le Kruger reste pour nous un vaste parc où l’on peut découvrir tous les aspects de la faune africaine et notamment les réputés « Big Five » (5 grands : l’éléphant, le rhinocéros, le buffle, le lion et le léopard).
Malgré notre réservation un mois à l’avance par une agence recommandée par un copain photographe sud-africain nous avons dû nous déplacer du sud au nord et d’est en ouest dans les différents camps, en fonction des disponibilités et non pas dans une logique de parcours.
Autant dans le Kalahari il est facile de suivre des traces de félins autant dans le Kruger il est difficile de les suivre pour cause de routes goudronnées ou de pistes caillouteuses.
C’est grâce au hasard que nous découvrons des léopards, des guépards, des lions, des lycaons, des hyènes et bien entendu tous les animaux visibles en quantité dans cette région d’Afrique. Il y a quelques décennies les rangers estimaient que les éléphants dans le parc Kruger étaient trop nombreux : ils détruisaient les arbres et changeaient l’allure du paysage. Pour pailler à ce sureffectif, ils ont décidé de procéder à des abattages permettant de réguler leur nombre. Ceux-ci dotés d’une grande mémoire n’ont pas oublié les méfaits de l’être humain. Aussi toute rencontre avec ces géants doit être synonyme d’une grande précaution.
Les « bulls » ou grands mâles solitaires peuvent s’avérer dangereux et charger nos véhicules qui représentent une piètre défense face à ces molosses. Les mères accompagnées de jeunes éléphants sont tout aussi dangereuses. Nous en avons fait l’expérience il y a une vingtaine d’année. Nous nous trouvions au nord de Letaba après notre journée de safari. Un troupeau d’éléphants traverse devant notre Toyota Tazz (très petite voiture). Nous nous arrêtons en attendant patiemment que le groupe retourne dans le bush mais la deuxième partie du troupeau passe derrière notre voiture ce qui fait que nous étions complètement entourés. Une mère et son petit se dirigent vers nous en battant des oreilles et tapant du pied. Jacques prend une décision rapide et fonce en slalomant au milieu du groupe devant nous. Ouf !!! on a réussi à passer. A notre arrivée au camp de Letaba nous sommes allés voir un ranger qui nous a montré les dégâts que peuvent occasionnés ces mastondontes lorsqu’ils deviennent incontrôlables. Des photos nous ont fait comprendre qu’on aurait pu finir aplatis comme des crêpes !!!!! Les articles qu’il nous a présentés montraient que les accidents mortels peuvent arriver. A notre passage à Letaba plus de vingt ans après nous demandons à revoir ces articles et ces photos mais le personnel d’accueil nous dit qu’ils n’existent plus. Nous imaginons la raison de ces disparitions : il n’y aurait plus personne dans le Kruger.
Le déroulement d’une journée de safari dans le Parc National Kruger se déroule pour nous de la manière suivante : lever une heure avant l’ouverture des portes, c’est-a-dire 5h, petit déjeuner rapide et on se positionne le plus vite possible à la porte de sortie. En cette période de covid où tous les sud-africains restent dans leur pays, les parcs sont bondés et même en arrivant une demi-heure avant on ne fait pas partie des premiers !
Après se pose le choix de l’itinéraire à partir de notre camp, en fait nous utilisons la stratégie au petit bonheur la chance. Notre safari se termine entre 9 et 10h lorsqu’il fait soleil. Pour la photo les lumières après 9h deviennent très dures. On repart pour le safari du soir qu’à partir de 16h jusqu’à 18h, heure de fermeture des portes. En général il est impossible de côtoyer la faune sans être entourés de véhicules, cependant nous avons eu la chance de découvrir des lions, des léopards, des guépards, des lycaons, des oiseaux, sans autre présence humaine.
A côté du camp de Lower Sabie, il y a un trou d’eau appelé Sunset où un héron gris pratique une pêche surprenante. Il repère d’abord « l’hippodrome » avant de se poser (un gros hippopotame, si possible avec le dos sorti) et d’un dos à l’autre il guette la remontée des poissons autour des hippos. Dès que notre volatile peut les atteindre, d’un coup de bec rageur, il transperce sa proie !! Ce comportement est particulièrement insolite et n’avons jamais auparavant assisté à un tel spectacle.
Pour continuer notre voyage nous avons retrouvé nos amis Murielle et Marc. Véronique et Dominique, que nous avons connu dans le Kalahari, nous ont rejoints dans le camp de Balule pour organiser notre passage au Mozambique. Les retrouvailles se sont terminées sous un orage tempêtueux nous obligeant à rejoindre rapidement nos véhicules respectifs.
Tous les clichés sont pris avec GFX100, GFX50 R, XT3, XPRO2 de Fujifilm